Evénements

Conférence

« Francis Picabia poète. De Dada à Pierre André Benoit (PAB) »


Date: 15 septembre 2016, 18h30
Lieu: SIK-ISEA, Antenne romande, UNIL-Dorigny, 1015 Lausanne. Bâtiment Anthropole, salle 2064

 

Métro M1, arrêt Dorigny. Entrée libre. Pour tout renseignement complémentaire, contacter le secrétariat de l’Antenne romande: +41(0)21 692 30 96 ou isea@sik-isea.ch.


À l’occasion de la rétrospective Francis Picabia au Kunsthaus Zürich, l’œuvre littéraire, poétique et éditorial de l’artiste sera commenté par l’historienne de l’art Dr Pauline von Arx (Florence), en discussion avec la graphiste Marie Lusa (Zurich). Modération par Cathérine Hug (Kunsthaus Zürich) et Dr Sarah Burkhalter (SIK-ISEA, Antenne romande).


« Francis Picabia poète. De Dada à Pierre André Benoit (PAB) »
Francis Picabia, Udnie (Jeune fille américaine; danse), 1913, Huile sur toile, 290 x 300 cm, Centre Pompidou, Musée national d‘art moderne - Centre de création industrielle, Paris. Purchased by the State, 1948, © 2016 ProLitteris, Zurich

Peintre de renommée internationale, Francis Picabia a aussi été poète. Mieux connu pour la période Dada de son œuvre, l'artiste a en réalité écrit des poèmes durant toute sa vie. Il est décédé en 1953, à l’âge de 74 ans, en nous laissant un riche corpus de publications, de correspondances et d’écrits manuscrits, la plupart desquels d’ordre poétique, dont certains demeurent encore aujourd’hui inédits.

Son rôle de précurseur de l’esprit moderne a été généralement reconnu par la critique, notamment pour ses nombreuses collaborations dans les différents cercles des avant-gardes artistiques. Ses premiers poèmes datent déjà de la première moitié des années 1910. Picabia est à l’époque très proche du poète Guillaume Apollinaire, avec lequel il partage, outre la passion pour la peinture moderne, l’intérêt pour une poésie fortement expérimentale, qui mélange de façon nouvelle les mots et les images, dans le cadre de composition typographiques surprenantes. Après deux voyages aux États-Unis, en 1913 et en 1915, durant lesquels il renoue avec le groupe d’Alfred Stieglitz et de la galerie 291, Picabia décide de fonder lui-même une revue internationale, qui paraît sous le nom de 391, et commence à publier ses premiers poèmes et « dessins-poèmes ».

L’artiste entre également en contact avec Tristan Tzara et le groupe Dada de Zurich, cela grâce aussi aux échos des publications de ses premiers recueils : 52 miroirs, publié à Barcelone en 1917, et Poèmes et dessins de la fille née sans mère, paru à Lausanne en 1918. Une rencontre significative avec les dadaïstes a lieu à Zurich, en janvier 1919. L’artiste, enthousiaste, propose alors à Tzara de le suivre à Paris, où ils travaillent ensemble à la création d’un groupe Dada parisien, ainsi qu’aux nombreuses activités qui ont marqué un vrai tournant dans l’histoire de ce mouvement.

Après les nombreuses publications Dada des années 1920, qui demeurent encore aujourd’hui parmi les plus importantes de sa carrière de poète, Picabia abandonne temporairement l’écriture. Il publie uniquement quelques poèmes épars dans des revues surréalistes des années 1930, mais loin de la capitale (il s’est maintenant installé dans le sud de la France) il se consacre entièrement à la peinture. Ce n’est qu’en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale et au cours d’un nouveau séjour en Suisse, que Picabia reprend sérieusement l’écriture et remplit frénétiquement nombreux carnets de poèmes.

Rentré à Paris après la guerre, Picabia rencontre, en 1948, un jeune éditeur alésien, qui porte le nom de Pierre André Benoit et qui signe ses éditions par le sigle « PAB ». Entre eux se crée immédiatement une entente parfaite, qui donnera lieu à une nouvelle série de publications. Ensemble ils feront des petits livres très particuliers, au format fortement réduit, que PAB réalise pour Picabia sous sa propre presse. Plus de quarante éditions verront le jour entre 1948 et 1980, car l’éditeur continue à puiser librement dans les nombreux carnets de poèmes que Picabia lui a confiés avant sa mort, ou dans ses lettres. Certains de ces petits livres présentent des illustrations originales du peintre, de PAB ou encore d’autres artistes invités à collaborer aux différents projets. Il s’agit en général d’éditions tirées à très peu d’exemplaires, qui manifestent des qualités graphiques remarquables, mais qui sont désormais très rares et destinées uniquement à un public de bibliophiles.

Nous aimerions alors porter, autant que possible, le regard du public et de la critique sur l’étonnante variété des publications d’ordre poétique de Francis Picabia, qui témoignent, à notre avis, de son particulier statut d’artiste poète, en montrant plus en détail ces derniers ouvrages, créés en « collaboration » avec l’éditeur PAB.